Les données sont omniprésentes sur Internet, leur volume ne cesse de croître de façon vertigineuse (une étude d'IDC de 2014 prévoit que le volume des données produites par les objets connectés à internet atteindra 40 zettaoctets, soit 40 000 milliards de Go, en 2020), leurs enjeux sont innombrables et toujours plus cruciaux (du droit à l'oubli au potentiel économique du Big Data en passant par l'accès aux données médicales ou les mutations scientifiques induites par l'ouverture des données de recherche), de nouveaux métiers apparaissent... Bref, la "révolution des données", par-delà les discours parfois enchanteurs, est une réalité désormais incontournable. Trois phénomènes peuvent être distingués dans ce tourbillon de données, qu'il faut définir rapidement : l'Open Data, l'Open Research Data et le Big Data.
Le mouvement de l'Open Data désigne l'ouverture des données publiques, depuis le niveau des gouvernements et des administrations centrales jusqu’à celui des collectivités locales. L'Open Research Data, c.a.d. l'ouverture des données de la recherche, prend sa source dans le mouvement plus large de l'Open Access, qui vise à la mise à disposition libre et gratuite des publications scientifiques. Selon le Rapport de l’OCDE de 2007, « les « données de la recherche » sont définies comme des enregistrements factuels (chiffres, textes, images et sons), qui sont utilisés comme sources principales pour la recherche scientifique et sont généralement reconnus par la communauté scientifique comme nécessaires pour valider des résultats de recherche ». La question de leur traitement et de leur mise en libre accès se pose aujourd'hui dans presque toutes les disciplines scientifiques. Ces deux mouvements parallèles, que sont l'ouverture des données publiques et celle des données de recherche, sont à replacer dans le cadre plus vaste des données massives, appelées généralement Big Data. Le Big Data serait ainsi le terme générique désignant cette masse toujours croissante de données issues de sources innombrables : données personnelles des réseaux sociaux, données des capteurs de toutes sortes, de l'internet des objets, des transactions commerciales, données de téléphonie, données publiques des administrations, données statistiques, météorologiques, médicales, biologiques, scientifiques, etc.
Les enjeux professionnels liés à cette révolution des données seront au centre de cette journée d'étude, qui s'adresse avant tout aux professionnels de l'information. Quelles sont les nouvelles compétences induites par cette explosion des données ? L'exploitation du potentiel des données, dans tous les secteurs, ne nécessite-t-elle pas une nouvelle "culture des données", dont on peut constater l'insuffisance notable ? Mais surtout, comment les professionnels de l'information peuvent-ils se positionner face à ces évolutions ? Doivent-ils se reconvertir en "data scientists", ces nouveaux profils professionnels appelés à se développer, ou bien sont-ils condamnés à voir passer les données ? Comment peuvent-ils répondre aux besoins d’expertise dans l’indexation, la gestion, la diffusion des données de recherche ? Quels services, quelles plus-values peuvent être apportés par les bibliothécaires dans les projets d’open data des collectivités locales, ou par les documentalistes du secteur privé dans les projets d'utilisation du Big Data dans les entreprises ? Comment faire évoluer les compétences professionnelles des bibliothécaires et documentalistes, quelles nouvelles formations, initiales et continues, faudrait-il mettre en place ?
Cette journée d'étude tentera d'apporter des éléments de réponse à toutes ces questions et déclinera les conséquences du Big data dans les trois secteurs que sont les bibliothèques et centres documentaires de l'enseignement supérieur, les bibliothèques de lecture publique et le secteur privé.
Trois conférences, animées par des spécialistes de ces questions, permettront de dresser le panorama du phénomène des données massives, d'en donner les définitions nécessaires et d'en pointer les principaux enjeux, notamment professionnels. Une table ronde, composée de professionnels de différents secteurs, permettra d'aborder et de discuter toutes les questions vives que pose la révolution des données aux professionnels de l'information.